Silly Symphony : l’histoire.

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Fiche technique.

Producteur : Walt Disney Productions.
Sortie USA : De 1929 à 1939.
Durée : 8 minutes environ.
Distributeur : Columbia Pictures / RKO United Artist.
Couleur : Noir et blanc de 1929 à 1932 – Couleur de 1932 à 1939.


Introduction.

Créée moins d’un an après la franchise des Mickey Mouse, Silly Symphony est une série de 75 courts-métrages animés musicaux produits entre 1929 et 1939 par les studios Disney.

Reconnus pour leur qualité, ils utilisent l’animation comme faire-valoir de la musique et introduisent des personnages éphémères dans des aventures pleines d’humour et de poésie.

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Naissance en musique.

Carl Stalling, ce nom ne vous dit peut-être rien et pourtant, c’est avec lui que l’histoire de la série Silly Symphony va commencer.

Vieil ami de Walt Disney, depuis l’époque où il travaillait dans un studio de Kansas City dans les années 1920, Carl Stalling est connu pour avoir composé la partie musicale de nombreux courts-métrages, et notamment sur les aventures de Mickey telles que Plane Crazy, Mickey Gaucho ou encore le célèbre Steamboat Willie, premier court-métrage de la souris au son synchronisé.

C’est d’ailleurs lorsque le maître de l’animation cherchait à enregistrer à moindre coût la partition de ce dernier, que Carl va soumettre l’idée d’une série où la musique serait au centre de l’action de personnages animés.

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Carl Stalling au piano.

Visiblement séduit par l’idée, Walt écrira alors deux lettres à son frère ainsi qu’à l’un de ses plus fidèles animateurs, Ub Iwerks, connu pour avoir fait les beaux jours des Alice Comedies ou d’Oswald, le lapin chanceux.

Daté du 20 Septembre 1927, la première de ses lettres faisait simplement référence à ce qu’il appela : « une nouvelle musicale ».

Ce n’est que trois jours plus tard, dans une seconde note, qu’il détaillera le scénario quelque peu original, soumis par Carl, à propos d’une danse de squelette. Un an plus tard, cette idée prendra vie et donnera naissance à la La danse macabre, le premier épisode de la longue série des Silly Symphonies.

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La Danse Macabre

Walt se voit confronté alors à un problème de taille : la diffusion de son œuvre. Pat Powers, alors distributeur des courts-métrages de Mickey Mouse, refuse de soutenir le projet, trouvant l’idée de squelettes dansants bien trop sinistre.

Disney va donc se tourner vers Columbia Pictures qui acceptera de tester la production au Carthay Circle Theater en Juin 1929 à Los Angeles, en première partie des Quatre Diables, un film de Friedrich Wilhelm Murmau.

Succès oblige, la série va, tout naturellement, trouver sa société de distribution, et ce, malgré la frilosité de certains directeurs de cinéma dont la réserve amènera à l’apparition de la mention « Mickey Mouse présente… » au générique des films afin de profiter de la notoriété du personnage emblématique de l’époque et assuré ainsi un minimum l’intérêt du public.

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C’est alors que moins d’un an après la naissance de la célèbre souris, Walt va créer une toute nouvelle franchise à l’identité bien marquée, mais surtout de grande qualité.

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L’essor musical.

Les Silly Symphonies vont en effet connaître dix années ponctuées de succès. Qualifiée de série « haut de gamme » des studios Disney, elle va savoir s’adapter et surtout profiter des opportunités qui vont s’offrir à elle.

À ses débuts, les principales caractéristiques des courts-métrages passent par l’utilisation de la musique et du son synchronisé.

Utilisant le procédé du Cinéphone, pour les six premiers épisodes, puis du Photophone, qui bénéficie d’une meilleure qualité d’enregistrement sonore, les Silly Symphonies sont, dans un premier temps, principalement composées de séquences de danse basée sur une seule et unique mélodie.

Mais très vite, les courts-métrages vont s’enrichir d’une bande-son bien plus approfondie en proposant un film élaboré autour de plusieurs partitions d’œuvres connues ou originales.

C’est notamment l’arrivée en 1930 du talentueux compositeur Frank Churchill, qui permettra à Disney d’intégrer de nombreuses compositions inédites à ses productions. Il sera d’ailleurs l’auteur du fameux « Qui à peur du grand méchant loup », une mélodie qui accompagne le court-métrage Les trois petits cochons et qui à su traverser les âges pour être, encore aujourd’hui, une référence en matière de comptines pour enfants.

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Frank Churchill à l’ouvrage !

Au-delà de l’aspect musical, ce qui fait une des particularités de la série, c’est l’absence de héros récurrent. Si les premières animations du studio ont mis en avant des personnages « fils-rouges » tels qu’Alice, Oslwald ou encore Mickey, les Silly Symphonies offrent cette liberté aux animateurs de ne pas les contraindre à un seul et unique univers.

Tandis que les quelques exceptions, tel que le fameux Les trois petits cochons, ne sont là que pour confirmer la règle, la série à néanmoins ses quelques thèmes privilégiés.

Alors que les vedettes des films sont éphémères, les environnements et les sujets le sont, quant à eux, beaucoup moins et il est ainsi courant de découvrir une aventure basé sur les quatre saisons, la nature, les insectes et les animaux, ou encore sur des récits permettant aux objets inanimés de prendre vie.

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Des thèmes bien plus récurrents que les personnages.

Si la technologie du son synchronisé est un grand pas dans l’univers du cinéma, et permet à la série de faire ses preuves, elle va pourtant rapidement perdre de l’intérêt et ne suffira plus à convaincre le public qui se lasse de plus en plus des séquences de danse.

 

Nouveau registre et nouvelle technologie.

Fin 1930, la série va donc prendre un tournant et introduire une identité scénaristique inspirée parfois très librement par de célèbres contes et légendes.

Playful Pan en est d’ailleurs le premier produit puisqu’il prend son inspiration dans la fameuse histoire du joueur de flûte de Hamelin. Apportant profondeur et consistance aux dessins, l’adaptation de récits populaires fera dès lors partie intégrante du concept de la série et permettra de remettre au goût du jour des histoires comme Le vilain petit canard, le petit chaperon rouge ou encore de donner vie aux fables de La Fontaine

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Playful Pan.

La qualité de la série doit aussi énormément aux nombreuses découvertes et avancées des années 30 dans le domaine de l’animation.

Véritable cobaye pour nouveaux procédés, les Silly Symphonies vont connaître, par exemple, la naissance de la fameuse caméra multiplane, réutilisée dans des longs-métrages comme Blanche-Neige et les Sept Nains, mais aussi l’arrivée de la « peinture ombres » ou du Shadowgraph qui donneront davantage de réalisme aux environnements et aux personnages.

Cependant, la plus importante et la plus perceptible des évolutions subies par la licence sera le passage du noir et blanc à la couleur.

En 1932 avec Des arbres et des Fleurs, la franchise fait ainsi un grand pas en avant dans son aspect visuel grâce au procédé Technicolor.

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Des arbres et des Fleurs.

Le revers de la médaille, c’est sur le plan financier que Walt va en subir les conséquences.

Alors qu’il a signé un contrat avec RKO Pictures-United Artist, un nouveau distributeur qui permettra au maître de l’animation de palier à divers différents avec Columbia, ce dernier va se montrer réticent face au budget qu’impose la colorisation des productions. L’acquisition de l’exclusivité pour cinq ans du procédé technicolor permettra finalement, en Juillet 1933, de convaincre RKO de renouveler le contrat pour trois ans.

Grâce à ce nouvel accord, Walt ne se contentera pas des trouvailles technologiques comme faire-valoir pour sa franchise : si leurs bénéfices ne sont évidemment pas à mettre en doute, elles ne doivent toutefois pas servir de cache-misère à une animation douteuse.

C’est ainsi qu’un système de tutorat, entre animateurs expérimentés et apprentis, va se mettre en place dans les studios afin de transmettre les techniques d’animation des plus talentueux, à ceux pour qui la seule limite à la créativité est la jeunesse dans le métier.

C’est d’ailleurs durant cette période que Don Graham, un professeur de dessin, est engagé afin d’aller encore plus loin dans l’expérience et que des séances de dessin avec des sujets bien vivants sont organisées, allant même jusqu’à importer, dans les studios, des pingouins, afin de produire un court-métrage sur le sujet.

 

Le succès commercial.

Dans les années 1932, la popularité des Silly Symphonies permet à la franchise de diversifier ses supports de diffusion.

C’est ainsi que le 10 Janvier apparaît la première bande dessinée estampillée du nom de la série. Mettant en scène une coccinelle appelée Bucky Bug, elle raconte, dans un premier temps, des histoires inédites écrites en vers et qui n’ont encore jamais été exploitées par les courts-métrages.

Ce n’est qu’à partir de Mars 1934 que les récits animés sont adaptés en version papier avec « Birds of a Feather », en alternance avec des aventures originales incarnée par des personnages déjà connus du grand public.

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Bucky Bug dans une Silly Symphony en bande dessinée.

Le 27 Mai 1933, c’est au tour d’un court-métrage de sortir du lot et de rencontrer un succès inattendu.

Si la première du film ne va pas forcément convaincre, c’est lors de sa sortie nationale que Les trois petits cochons vont prendre Walt par surprise et rencontrer une immense adhésion du public.

Il recevra alors de nombreux télégrammes lui réclamant « Plus de Cochons (More Pigs) » et il produira, à la demande de son distributeur, trois autres suites à cet unitaire appelée Le grand méchant Loup en 1934,  Les Trois Petits Loups en 1936 et Le cochon pratique en 1939.

Hors des Silly Symphonies, une production de propagande les mettront à nouveau en scène dans The Thrifty Pig le 19 Novembre 1941.

Ils deviendront ainsi les premiers héros récurrents de la série.

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« Les Trois Petits Cochons » et « Le Grand Méchant Loup ».

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« Les Trois petits loups » et « Le cochon pratique ».

Outre cette réussite, les studios profiteront de la notoriété des Silly pour développer de nombreux produits dérivés à l’effigie de la série. Si les trois porcins vont avoir le droit à un disque reprenant la chanson du film, des poupées ou encore des livres seront commercialisés autour de la licence.

Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, la franchise va commencer à s’éteindre petit à petit au profit de projet d’une tout autre envergure pour les studios.

 

Générique de fin.

1937, une belle année pour Walt ! Blanche-Neige et les Sept Nains est alors en production est requiert de nombreux renforts au niveau des animateurs.

Occupé, la création des Silly Symphonies est ainsi un peu mise de côté et se voit même sous-traitée, pour le cas des Bébés de l’océan aux studios Harmann-Ising afin d’honorer le contrat récemment signé avec RKO.

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« Bébés de l’Océan ».

Répondre à ce nouvel accord aura le mérite de faire naître des licences inédites tel que des courts-métrages mettant en scène Donald, Dingo ou encore Pluto, mais cette diversité, les nouvelles perspectives et l’échéance du contrat avec le distributeur amèneront à la fin de la série.

En 1939, l’histoire du Le vilain petit Canard fait son retour, après une apparition en 1931, dans une version « vitrine » des nombreuses améliorations subites par la série au fil des années.

Disney Silly Symphony le vilain petit canard Disney Silly Symphony le vilain petit canard
Images des deux versions du vilain petit canard.

Fortes de son identité, qui a su évoluer pour continuer à surprendre le public, et de sa qualité indéniable, les Silly Symphonies ont marqué l’histoire des studios et de l’animation en général. Sachant profiter des nouvelles technologies qui s’offraient à elle, elle a acquis une force et un charme qui lui est propre.

Devant tant de caractère, l’Académie américaine du cinéma ouvre les portes d’une nouvelle récompense. L’Oscar du meilleur court-métrage d’animation sera ainsi remporté, chaque année, de 1932 à 1939, par une production de la série. Un prix mérité dont elle a de quoi être fière.

En savoir encore plus.

Carl Stalling quittera le 21 janvier 1930, peu de temps après la création de la série, les studios Disney pour rejoindre la Warner. Ub Iwerks en fera de même, le même jour, pour se lancer dans son propre studio, co-financer par la société de distribution Pat Power. Il reviendra chez Disney en 1940 après l’échec de son projet.

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Ub Iwerks en plein travail.

Une attraction porte le nom de « Silly Symphony Swings » à Disney California Adventure, mais il est cependant inspiré du court-métrage La fanfare de la série Mickey Mouse. Un char de la parade de Hong Kong Disneyland rend également hommage à la licence.

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Une attraction et un char en hommage aux Silly Symphonies !

L’atelier du Père Noël est le premier court-métrage de la série à utiliser le Photophone, le dispositif d’enregistrement développé par RCA.

Le premier Silly Symphony en couleurs, Des Arbres et des Fleurs, était initialement prévue en noir et blanc. Sa colorisation prit trois mois supplémentaires pour sa production.

Au pays des étoiles sorti en 1938 détient le record du Silly Symphony le plus long à produire. Démarré en 1934, il fut un temps mis de côté avant de refaire son apparition lorsque la série s’essoufflait au profit des longs-métrages.

Symphonie d’une cour de ferme contient seize extraits musicaux différents sur une durée de seulement huit minutes.

Mother Goose Goes Hollywood est le Silly Symphony le plus coûteux de par sa tentative d’être réalisé sur deux bobines au lieu d’une.

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Le roi Midas fût animée uniquement par deux animateurs contre près d’une vingtaine pour les autres productions de la série.

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Avant de devenir un long-métrage, le conte de Cendrillon devait être adapté en Silly Symphony dans les années 1933.

Bucky Bug, la coccinelle des bandes dessinées n’apparaîtra jamais dans un court-métrage.

De nombreuses licences de courts-métrages, reprenant les grandes lignes de l’identité des Silly Symphonies, font leurs apparitions quelques années après la fin de la série. Il s’agit de La boite à Musique en 1946, Mélodie Cocktail en 1948  ou encore Adventures in Music en 1953.

Certains courts-métrages, produits principalement après 1950, ont été jusqu’à être estampillés par les amateurs d’animations de Silly Symphony non officielles de par leurs nombreuses similitudes avec les caractéristiques de la franchise.

Si aucun personnage récurrent ne fait partie du casting des Silly Symphonies, nombreux sont ceux ayant commencé, étoffer ou poursuivi leur carrière après la fin de la série.

Hiawatha : apparu dans Le petit Indien en 1937 aura le droit à un avenir dans la bande dessinée à partir de 1940 et sera même envisagé comme héros d’un long métrage en prise de vue réelle.

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Elmer l’éléphant : apparu en 1936 connaîtra des aventures littéraires en Novembre 1938.

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Pluto : vu sans Mickey pour la première fois dans Rien qu’un chien en 1932 ou dans Papa Pluto en Novembre 1936.

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Donald : vu pour la première fois dans Une petite poule avisée en 1934.

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Pat Hibulaire : vu dans le rôle d’un capitaine mousquetaire dans Three Blind Mouseketeers en Septembre 1936.

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Don Donald devait être une Silly Symphony, mais la création de la série propre au personnage en décidera autrement. Il sera ainsi l’épisode pilote de la nouvelle franchise.

Les Silly Symphonies inspirèrent de nombreux studios pour créer des séries musicales. Warner créa ainsi les « Looney Tunes » et les « Merrie Melodies » tandis que les studios Harman-Ising lanceront « Happy Harmonies » avec la Metro-Goldwyn-Mayer.

Les huit courts-métrages récompensés aux Oscar sont :

1932 – Des arbres et des fleurs.
1933 – Les trois petits cochons.
1934 – Le lièvre et la tortue.
1935 – Trois Petits Orphelins.
1936 – Cousin de campagne.
1937 – Le vieux moulin.
1938 – Ferdinand le Taureau*.
1939 – Le vilain petit canard.

* Ferdinand le Taureau devait être une Silly Symphony, mais devient un court-métrage « spécial » à sa sortie. Il est considéré comme une Silly Symphony non officielle.

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Filmographie.

1929 1930 1931 1932
La Danse macabre
El Terrible Toreador
Springtime
Les Cloches de l’Enfer
The Merry Dwarfs
Summer
Autumn
Cannibal Capers
Frolicking Fish
Arctic Antics
Midnight in a Toy Shop
Nuit
Monkey Melodies
Winter
Playful Pan
Woody goguenarde
Les Chansons de la mère l’oie
L’Assiette de porcelaine
En plein boulot
The Cat’s Nightmare
Mélodies égyptiennes
The Clock Store
The Spider and the Fly
The Fox Hunt
Le Vilain Petit Canard
The Bird Store
The Bears and the Bees
Rien qu’un chien
Des arbres et des fleurs
Le Roi Neptune
Bugs in Love
Les Enfants des bois
L’Atelier du Père Noël
1933 1934 1935 1936
Birds in the Spring
L’Arche de Noé
Les Trois Petits Cochons
Old King Cole
Au pays de la berceuse
The Pied Piper
The Night Before Christmas
The China Shop
La Cigale et la Fourmi
Les Petits Lapins joyeux
Le Grand Méchant Loup
Une petite poule avisée
La Souris volante
Histoire de pingouins
La déesse du printemps
Le Lièvre et la Tortue
Le Roi Midas
Le Petit Chat voleur
Bébés d’eau
Carnaval des gâteaux
Qui a tué le rouge-gorge ?
Jazz Band contre Symphony Land
Trois petits orphelins
Cock o’ the Walk
Broken Toys
Elmer l’éléphant
Les Trois Petits Loups
Le Retour de Toby la tortue
Three Blind Mouseketeers
Cousin de campagne
Papa Pluto
More Kittens
1937 1938 1939
Cabaret de nuit
Le Petit Indien
Le Vieux Moulin
Moth and the Flame
Au pays des étoiles
Symphonie d’une cour de ferme
Les Bébés de l’océan
Mother Goose Goes Hollywood
Le Cochon pratique
Le Vilain Petit Canard

Notre avis.

Cette critique sur l’ensemble de la série est basée sur un panel de quinze courts-métrages plus ou moins connu et pris au hasard sur diverses périodes.

Dans un monde où chaque action est un son et où chaque son est une mélodie, bienvenue dans l’univers si particulier des Silly Symphonies ! Occupant une place de choix tant au niveau de sa qualité que de sa popularité, elle est l’une des séries les plus connues des studios Disney. Composée de 75 épisodes, elle a ouvert les portes à un style désormais incontournable dans l’univers du court-métrage d’animation. Il est alors temps de s’installer confortablement, de monter légèrement le son, de fermer les rideaux et de se laisser transporter par cette douce symphonie…

Disney Silly Symphony
« Le Lièvre et de la Tortue » (1935).

On constate, en regardant la série, une nette évolution dans sa manière d’aborder, au cours du temps, ce qui est sa principale raison d’exister : la musique.

Au début, tout se résume par une simple séquence de danse comme il était déjà très fréquent de voir dans une autre licence des studios: Les Alice Comedies. Si, à l’époque, la synchronisation du son avec l’action était une avancée extraordinaire, il faut bien avouer qu’elle servait ici à mettre de la poudre aux yeux au public afin de masquer une pauvreté scénaristique importante.

Disney Silly Symphony
« The Merry Dwarfs » (1929) reprenant le principe de la danse !

Certes l’animation est de qualité, inattendue et rigolote et qu’elle joue parfaitement son rôle de faire-valoir musical. Toujours est-il qu’un lien entre le public d’hier et d’aujourd’hui ressort inévitablement : l’ennui. Force est d’admettre que, très vite, les danses n’ont que peu d’intérêt. Plates et convenues, elles vont peser grandement sur l’engouement qu’est de découvrir un nouvel épisode de cet ensemble.

Mais Walt va rapidement remédier à cela en ajoutant de véritables histoires à ses récits musicaux. Si la transition entre ces deux étapes de la vie des Silly Symphonies est encore discutable sur ce plan, on ne peut qu’apprécier ce qu’il en découlera au fil du temps : des dessins animés cultes et divertissants allant même parfois jusqu’à être captivant et émouvant.

Disney Silly Symphony
« Les Chansons de la mère l’Oie » (1931) – Un épisode de transition

La force, c’est d’avoir su introduire ces récits tout en gardant l’identité de la licence si bien qu’un épisode serait facilement identifiable entre dix comme étant une Silly Symphony. Ainsi, chaque action à l’écran continue d’apporter sa note à l’édifice de la mélodie tandis que les dialogues ne font qu’introduire des paroles, généralement en vers, à la chanson.

Reprenant fable de La Fontaine, contes célèbres ou étant de simples créations originales du studio, les scénarios adoptent différents angles de vue. Parfois moralisateur, porteur de bonnes valeurs ou plus énigmatique et philosophique laissant ainsi au public un choix d’interprétation assez intéressant, leur arrivé au sein de la série a permis à celle-ci de gagner en profondeur et en intérêt au moment ou elle sombrait dans une routine platonique qui l’aurait précipité à sa perte.

Disney Silly Symphony
« La cigale et la fourmi » – une adaptation de la fable de La Fontaine.

L’unique défaut que l’on pourrait lui reprocher, c’est de ne parfois pas bénéficier de personnages assez fort pour porter le récit. Si le choix assumé de ne pas avoir de héros récurrents n’est pas forcément mauvais, la narration est parfois lésée par un manque d’éléments fédérateurs. Les trois petits cochons sont pourtant l’exemple parfait de l’éphémère capable de conduire une histoire de manière drôle et divertissante. À l’inverse, Le vieux moulin est un épisode techniquement de qualité dans lequel un vide se fait quand même sentir.

Disney Silly Symphony
« Le Vieux Moulin » (1937) – un bel épisode, mais qui aurait gagné à être porté par un héros emblématique !

Au-delà de ce bémol, on ne peut qu’accorder nos violons sur le fait que les Silly Symphonies méritent amplement leur statut de série « haut de gamme » des studios Disney. S’il faut replacer les débuts de la franchise dans leur contexte afin de réellement les apprécier, on ne peut que rester sous le charme des épisodes du début des années 30 bien plus profond et recherché, devenu désormais cultes et transgénérationnelle.

Disney Silly Symphony
« Une petite poule avisée » (1934).

Une série que l’on se doit de déguster à la manière d’un calendrier de l’avent, à découvrir jour après jour, pour prendre le temps d’apprécier tout ce qu’elle a à nous offrir.