Alors que le film nouveau film Disneynature Blue sort dans quelques jours, nous avons rencontré une partie des équipes ayant collaboré sur ce film :
- Jean-François Camilleri, fondateur et directeur général de Disneynature, et président de The Walt Disney Company France.
- Keith Scholey, réalisateur, producteur et scénariste du film Blue (également de Grizzli et Félins).
- Denis Lagrange, directeur de la photographie
- Gilles Boeuf, ancien président du Muséum national d’histoire naturelle et professeur à la Sorbonne Université.
- André Abreu, responsable des politiques internationales chez Tara.
- Cécile De France, narratrice du film.
L’occasion pour nous d’en apprendre plus sur le tournage et les enjeux qui se cachent derrière la diffusion du film documentaire traitant des océans.
Blue, c’est l’histoire d’un écosystème marin, menée par les rencontres d’un petit dauphin nommé Blue dans son milieu aquatique. Pour cela, le projet a vu le jour il y a trois ans et s’est tourné « en pointillés » sur une durée d’au moins deux ans. Pourquoi cette expression ? Car tourner un documentaire Disneynature, c’est des contraintes et des particularités.
La première, c’est de filmer des animaux sauvages dans leur environnement, où l’animal crée la rencontre avec l’humain, et décide de quand et comment ça se passe. Cela nécessite du temps afin de capturer des images rares et raconter une histoire forte qui puisse entraîner le public.
La deuxième chose est de donner le temps qu’il faut aux équipes afin de s’entourer et de monter un projet stable, à savoir repérer les lieux de capture d’images et prévoir de tourner en toute sécurité pour les équipes.
Afin de fêter les 10 ans du label Disneynature, Walt Disney Company s’offre un film de choix et va même au-delà de tout ce qui avait été fait auparavant. Blue est le premier film qui s’intéresse à un écosystème marin en entier et pas seulement à une espèce en particulier. Mais à travers ce film, c’est une vraie prise de conscience par l’émerveillement que les producteurs veulent susciter car ce monde n’a jamais été autant en danger et ils ont voulu montrer au plus large public possible le danger dans lequel il se trouvait.
C’est d’ailleurs à travers des sources digitales que Disneynature se répand. Connaissez-vous « Zoom by Disney Nature » ? C’est un site Internet qui permet de donner des détails aux gens qui s’intéressent vraiment à la nature et comprendre ce qui s’y passe, en lien avec la dizaine de films déjà réalisés.
Tout a donc débuté avec une question de Jean François Camilleri à Keith Scholey : « Quelle est ta passion ? ». Ayant grandi au Kenya, Keith a fait du snorkeling (randonnée palmée) durant toute son enfance le long de la barrière de corail. Lorsqu’il fut en âge de regarder les reportages du commandant Cousteau à la télé, il s’est dit : « C’est ce que je vais faire ». La réponse à la question fut alors très simple : sa passion est bel et bien le monde sous-marin et le monde tropical (c’est d’ailleurs pour ça qu’il a fait des études de zoologie).
Le choix du dauphin était une évidence : intelligent, charismatique, il nous entraîne avec lui dans le monde sous-marin. Le problème est qu’il y a très peu d’endroits où on peut les filmer d’aussi près car les dauphins sauvages ne tolèrent pas beaucoup la présence de l’humain. Leur chance a été de rencontrer une femme, Angela, qui a étudié les dauphins en mer rouge pendant les dix dernières années et qui connaît un groupe de dauphins qui accepte cette présence et les connaît même individuellement. Il aura quand même fallu plusieurs visites à ces dauphins de quatre semaines pour construire une histoire autour d’eux.
Mais le dauphin n’est pas le seul protagoniste de ce film. Denis Lagrange, spécialiste des baleines (et notamment la baleine à bosse) nous a expliqué les particularités de tournage autour de ces mammifères. Leur but était de capturer des images de baleines et leur baleineau qui reflètent des émotions, et pour cela il leur a fallu du temps (chose rare dans le tournage des documentaires). La plupart des images ont été prises en Polynésie (à Tahiti et Moorea), où il a fallu suivre les baleines avant de se mettre à l’eau. Pour l’anecdote, l’île de Moorea présentait un réel avantage car étant petite, le tour se faisait en deux heures en bateau et permettait de répéter l’opération chaque jour et de reconnaître des individus ou de découvrir des nouveaux qui n’étaient pas là avant.
Les requins aussi font partie de la barrière de corail et les réalisateurs voulaient leur accorder toute leur importance car ils ont tellement été persécutés que de voir un regroupement de requins (comme dans le film) est très rare aujourd’hui.
Ils ont été filmés en Polynésie française. Au moment de la plongée dans le canal en journée, les requins sont en pleine sieste. La nuit, ils se réveillent et le récif devient leur terrain de chasse. L’objectif était de les filmer en train de chasser dans le récif avec un éclairage le plus proche de la réalité (comme un éclairage au clair de lune). La solution trouvée fut un éclairage en douche avec deux plongeurs équipés de combinaisons spéciales de 12kg, de recycleurs, de communications sous marines, de lampes et en nage à contre courant pour se maintenir à des endroits précis.
Pourquoi des combinaisons spéciales? Et bien pour se protéger d’éventuelles morsures dûes à une erreur du requin (et non une attaque) lorsque les petits poissons venaient se réfugier dans les bras des plongeurs ou sous la combinaison qui était en côte de maille.
L’utilisation de ces combinaisons n’a pas été le seul stratagème mis en place afin d’entraîner le spectateur au sein même de ce monde comme si ce film était tourné sur la terre. En effet, il a également fallu d’abord utiliser du matériel qui est d’ordinaire utilisé sur la terre en studios (trépieds, grues). Face à la difficulté de filmer les baleines sous l’eau qui avancent à 20km/h (il n’est donc pas conseillé de nager autour de baleines qui veulent se battre) il a fallu ensuite avoir une autre approche : accrocher une caméra sous un bateau (dirigé par une équipe spécialisée) pour filmer au plus proche sous l’eau. De même, afin de ne pas provoquer les baleines, au lieu des bonbonnes traditionnelles qui laissent sortir des bulles, les équipes ont utilisé des recycleurs qui recyclaient l’air et ne laissaient donc pas échapper de bulles d’air (et pouvaient rester ainsi sous l’eau plusieurs heures tandis que les bonbonnes habituelles sont d’une heure sous l’eau) car si vous regardez le film, vous comprendrez que les bulles sont un signal d’attaque pour les baleines.
Pour chacun de ses films Disneynature, Disney travaille en partenariat avec différentes organisations gouvernementales. Pour ce film, et depuis deux ans, c’est Tara Expedition qui a eu la chance de collaborer afin de développer ses idées, de toucher un grand public (notamment les tous petits et les jeunes), parler des enjeux de l’océan et apporter ses connaissances pour des informations scientifiques à vérifier pour le film.
Qu’est-ce que Tara Expedition ? Cette organisation a été fondée il y a treize ans, et a monté avec la goélette Tara un programme qui allie sciences, éducation, sensibilisation pour la préservation de l’océan. Tara lutte pour que l’océan rentre dans un agenda écologique et que l’océan soit reconnu comme un faisant partie du système de vie de notre planète.
Un exemple de prise de conscience : la pollution par le plastique qui est un phénomène nouveau et qui s’accélère d’années en années. On estime que dans plusieurs années, il y aura plus de morceaux de plastique dans la mer que d’organismes vivants. Les études actuelles de Tara sur les coraux montrent que ce sont des organismes vivants fragiles, et que leur disparition peut entraîner la disparition ou la migration des autres espèces.
Le but de Tara en lien avec Blue est alors simple : comment transmettre cette passion de l’océan en passant par la beauté et l’émerveillement pour faire les écologistes de demain ?
Au-delà de l’impact écologique que représente Blue, c’est également une aide à la recherche et aux scientifiques qu’apporte ce film. En effet, grâce à la science, Disney relate des faits véridiques, et offre alors les prises de vue de l’affrontement entre les orques et les baleines (par exemple) aux scientifiques pour étudier leur comportement en échange d’une balise placée sur les orques pour suivre leur déplacement, car malgré quarante ans d’études sur les baleines, il y a encore des choses qu’on ne comprend pas. Les rushs du film ont donc été utilisés par les scientifiques pour aider les études sur le comportement des baleines. C’est la collaboration magique entre la science et les moyens mis à disposition pour tourner un film de ce genre.
Le petit mot de la fin pour Cécile de France ?
Présente ce jour-là, elle nous a confié l’honneur d’être l’ambassadrice d’un projet qui s’engage et de faire pour une fois la promotion d’un film qui a du sens. Ce film lui a donné envie de se renseigner, notamment sur les déchets et l’écologie. Elle a alors pris conscience sur les conséquences de nos actes au quotidien sur le reste de la nature : ce qu’on achète, ce qu’on mange, ce qu’on jette, comment on se déplace.
Son conseil dans la continuité de ce film ? La loi des 5R : Réutiliser, Réparer, matériaux Recyclables, Réduire (déchets), Refuser et Remplacer.
Selon elle, ce film procure les mêmes sensations que de faire de la plongée, et même encore mieux puisque nous sommes aux premières loges. Pour finir et pour la citer :
« Voir ce film c’est comme faire un grand voyage pour de vrai… sans polluer ».