Le choc : vers la fin des Disney au cinéma en France ?

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La France bénéficie d’une particularité culturelle bien spécifique qui a ses adorateurs et ses détracteurs : la chronologie des médias (dont vous pouvez retrouver notre dossier ici). En résumé, entre la sortie en salles et son arrivée en VOD, en l’occurrence Disney+, il faut attendre trois ans. En contrepartie, cela permet de financer la production française.

Cette année, cette chronologie devait être modifiée suite à des accords passés entre les différents partenaires : cinéma, distributeur, télévision. À terme, cela aurait du faire gagner quelques mois à l’ensemble des participants. Mais cette spécificité française n’est pas vu d’un bon œil par l’un des plus gros studios de cinéma : Disney.


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Alors que les autres pays ont une fenêtre exclusive au cinéma de 45 jours voire plus, le fait d’attendre trois ans n’est pas du tout au goût de la firme de Mickey. Par conséquent, selon certaines sources, The Walt Disney Company abandonnerait complètement la sortie des films de ses différents labels (aussi bien Disney que Pixar, Marvel, Star Wars entre autre) dans les salles françaises et les mettraient directement sur Disney+, contournant alors complètement la chronologie des médias.

Le PDG de Pathé, Ardavan Safaee, a fait part de ses inquiétudes.

« C’est une situation préoccupante. Si certains grands films américains sautent la sortie en salles en France, cela impactera tout le monde, y compris le secteur du cinéma indépendant français, qui profite des entrées vendues pour ces blockbusters américains ».

Au contraire, Nathanael Karmitz, PDG de MK2, ne semble pas dérangée par cette éventualité en disant qu’il préfère garder la diversité en salles plutôt que de plier aux exigences de Disney.

« Il permet la diversité de notre cinéma et le positionnement unique des contenus audiovisuels français dans le monde ».

Du côté du directeur général de CGR Cinéma, Jocelyn Bouyssy, sa réaction est plus nuancée :

« Nous avons vu récemment que Disney revient sur sa stratégie hybride ; non seulement ils ont réalisé qu’ils avaient besoin du cinéma pour générer des revenus, mais ils ont également vu que cela n’avait pas été bon pour leur image et leurs relations avec des talents tels que Scarlett Johansson ».


À noter que la disparition des films Disney en France entraînerait une perte de 50 millions d’entrées par an. De plus, sur toutes ses entrées où sont prélevés des pourcentages afin de financer le cinéma hexagonale, cela donnerait aussi un sérieux coup à l’industrie du cinéma en France.

The Walt Disney Company n’a pas commenté cette affaire officiellement, tout ceci venant de différentes sources qui ont relayé l’information aux journalistes. Reste à voir si la maison de Mickey va vraiment s’engager dans cette voie, même si la France ne semble pas trop compter à ses yeux par rapport au marché mondial qui lui est plus favorable. Cela est peut être juste un coup de bluff dans l’espoir d’obtenir une meilleure chronologie des médias. Quoi qu’il en sort, un énorme bras de fer pourrait s’engager entre la grande puissance d’Hollywood et les partenaires audiovisuels français qui sont farouchement opposés à toute réduction trop importante du délai de diffusion sur les plateformes de streaming.

On rappelle aussi que le streaming ne pourra jamais concurrencer le box-office des salles de cinéma comme nous l’avions expliqué dans ce dossier et donc que Disney risque d’être quand même perdant s’il concrétisait ce bruit de couloir.

SourceVariety