La petite sirène (Film).

Réalisation: Rob Marshall.
Scénario : David Magee et Jane Goldman.
Production : Rob Marshall, Lin-Manuel, Marc Platt et John DeLuca.
Musique : Lin-Manuel Miranda et Alan Menken.
Société de production : Walt Disney Pictures.
Distributeur : Buena Vista Pictures.
Date de sortie USA : 26 mai 2023.
Date de sortie française : 24 mai 2023.
Titre original : The little mermaid.
Durée : 2h15.
Budget : 240 millions de dollars.
Box-office mondial : 569,6 millions de dollars.
Box-office USA : 298,2 millions de dollars.
Entrées françaises : 1 722 964 entrées.

Résumé.

La sirène Ariel troque sa voix à Ursula contre des jambes afin de suivre son cœur auprès du Prince Éric.

Affiches.

Images.

Le saviez-vous ? Anecdotes et coulisses.

La petite sirène est l’adaptation en prises de vues réelles du classique d’animation La petite sirène. 

En juillet 2019, le casting est annoncé.

Notre critique de La petite sirène (Film).

Remake de l’incontournable classique Disney de 1989 La petite sirène, le film de Rob Marshall a fait couler beaucoup d’encre bien avant sa sortie officielle, le 26 mai prochain. Si on préfère passer sous silence quelques-unes des critiques peu éloquentes rapportées à propos du long métrage, la crainte de découvrir un énième live-action Disney pas vraiment abouti était bel et bien présente. Mais qu’en est-il vraiment ?

Qui dit remake, dit histoire inchangée. Ariel, cette jolie sirène aux cheveux écarlate, rêve de découvrir le monde des hommes. Et ce contre l’avis de son père, le roi Triton. Pourtant, la jeune femme n’écoutant que son cœur, part au-delà des frontières qui lui sont imposées. Elle y rencontrera le meilleur, incarné par le charmant Prince Éric, mais aussi le pire qui se cache sous les traits de la vilaine Ursula. On retrouve donc les thèmes présents dans la version originale à savoir : l’amour, la liberté, la quête de soi ou encore l’émancipation du nid familial pour choisir sa propre destinée. Mais le film de 2023 appuie davantage sur des facteurs qui sont propres à notre société actuelle, notamment rassembler les communautés pour éviter les différences et la peur parfois irrationnelle incarnée par l’autre.

Néanmoins, le film ne se veut pas un pamphlet politique et garde son cap : l’histoire d’amour entre deux jeunes gens qui n’auraient jamais dû se rencontrer. C’est bien ce divertissement made in Disney qui est plaisant à regarder. D’ailleurs, des clins d’œil aux autres productions de l’entreprise aux grandes oreilles sont visibles dans le film. D’un côté les coraux de Le monde de Nemo, de l’autre des batailles épiques de Pirates des Caraïbes. Mais ce n’est pas tout, puisque l’humour est également présent tout au long de l’intrigue, surtout dans la seconde partie de l’œuvre. De petites touches de fraîcheur, peut-être trop discrètes par moment, rythment succinctement le scénario grâce au trio comique interprété par Polochon, Eurêka et Sébastien. Et question personnages, le long métrage n’est pas en reste !

Son actrice principale, Halle Bailey, incarne Ariel avec beaucoup de douceur. Grâce à sa voix cristalline, elle donne une nouvelle dimension au personnage des années 1980, tout en revisitant les chansons iconiques créées par Alan Menken. Sur ce point là, c’est un sans faute pour la jeune actrice américaine. Malgré tout, nous sommes un peu plus mitigés concernant son jeu. Si Halle Bailey n’a pas beaucoup de texte pendant les 2h07 du film, c’est suffisant pour trouver son acting un peu en-deçà du reste du casting. Tout n’est pas très juste, et parfois trop timide pour un rôle aussi important.

On ne peut pas en dire autant de Melissa McCarthy, qui crève l’écran avec son interprétation d’Ursula. Le spectateur la découvre ici et là, par parcimonie, faisant ainsi monter la crainte que l’on perçoit à son égard. Tout est noir et mystérieux lorsque la caméra s’attarde sur la pieuvre et son caractère vengeur. Elle semble mue par une folie intense, qu’elle s’est créée depuis son repaire situé dans les fonds marins et gardé par ses deux vipères. Si la comédienne est génialissime, le scénario ne lui rend pas toujours justice. Avec un personnage aussi fort et emblématique de l’univers Disney, il aurait été préférable d’avoir un background plus fourni pour apporter une valeur ajoutée à la méchante créature. Idem lorsqu’elle apparaît en humaine pour séduire Éric. L’intrigue présentée est bien trop courte, voire bâclée. Et puisque le film dure plus de deux heures, les équipes auraient pu proposer quelque chose de plus travaillé sur ce point précis.

D’ailleurs, ce n’est pas le seul personnage à souffrir d’un manque d’implication. L’attachant petit Polochon, à qui Jacob Tremblay prête sa voix en version originale, est devenu ici un poisson sans intérêt et inexistant dont la physionomie joufflue et rondelette a complètement disparu. Le charismatique roi Triton a lui aussi perdu de sa splendeur. Tandis que Javier Bardem est connu pour ses rôles vivants, il semble très effacé dans ce remake. Son apparition n’a, pour ainsi dire, pas beaucoup d’intérêt si ce n’est le postulat de départ. Quant à Éric, force est de constater qu’il fait le travail du Prince. Jonah Hauer-King a su apporter tout ce qu’il fallait au protagoniste, sans en faire trop. Surtout, il faut noter que ses interactions avec Grimsby, son tuteur, sont parfaitement amenées et auraient mérité d’être plus approfondies.

D’un point de vue visuel, deux grandes parties ponctuent le film : celle qui se déroule dans les profondeurs, et une autre sur la terre ferme. Autant dire que les deux chapitres n’ont rien à voir l’un avec l’autre en termes de réalisation et de graphisme. Les scènes qui ont pour décor l’océan usent de couleurs beaucoup trop saturées qui rendent le tout irréaliste et visuellement pas très beau. Et si on peut ressentir le mouvement de l’eau lorsque les sirènes se mettent à nager, leurs cheveux semblent quant à eux statiques et peu naturels. Une autre scène encore, celle où Javier Bardem nage à la surface et s’adresse à Ariel. En plus de ne pas être crédible, l’action est visuellement étrange. Comme ces divers inserts sur des mains qui apparaissent à quelques endroits du film sans réel but, ni apport pour la mise en scène.

Malgré de bons enchaînements, tous ces petits détails rendent le tout moins cohérent. Heureusement que la seconde partie est plus joviale. Là, on retrouve d’anciennes et de nouvelles musiques, composées par Lin-Manuel Miranda, qui dynamisent avec brio l’évolution de l’intrigue. Ce n’est donc pas très étonnant qu’à certains moments, on ait l’impression de se trouver à Broadway tant les numéros semblent être tirés de comédies musicales. Rappelons aussi que le réalisateur de La petite sirène a mis en scène les films Nine, Chicago ou encore Annie.

Notre avis est donc mitigé sur la dernière production des studios Disney. On sent qu’il y a cette envie de rester proche du premier film tout en proposant une relecture un peu plus moderne. Néanmoins, on ne peut pas dire que La petite sirène restera une œuvre remarquable. La magie n’étant pas présente, on se demande même si le film aurait pu voir le jour sans l’égide de la Walt Disney Company.